Interview Nicolas DUHAIL : « Dans la cour des grands »

Ecotrail 2016 Nicolas Duhail

Fiche identité coureur :

Nom : DUHAIL

Prénom : Nicolas

Date de naissance : 24/01/1991

Catégorie : Senior

Club : TEAM OUTDOOR POLI – ACCRORUN VILLEPREUX

Taille : 1,84m

Poids : 72kg

 

Palmarès 2015 :

La Romeufontaine Authentique, Font-Romeu (66), 25km, 18/01/2015, 2ème, 2.21.45

Trail du Ventoux, Bédoin (84), 40km, 15/03/2015, 26ème, 3.55.21

EcoTrail, Paris (75), 30km, 21/03/2015, 3ème, 1.58.36

Marathon de Sauternes, Sauternes (33), 43km, 24/05/2015, 3ème, 2.42.15

Tour des Glaciers de la Vanoise, Pralognan-la-Vanoise (73), 73km, 05/07/2015, 5ème, 9.21.24

 

Courchevel X-Trail, Courchevel (73), 54km, 02/08/2015, 14ème, 7.52.58

OCC, Chamonix (74), 53km, 28/08/2015, 12ème, 5.59.20

Imperial Trail, Fontainebleau (77), 62km, 19/09/2015, 1er, 4.57.55

Grand Trail des Templiers, Millau (12), 76km, 25/10/2015, 12ème, 7.31.10

Palmarès 2016 :

MaxiCross de Bouffémont, Bouffémont (95), 07/02/2016, 41km, 2ème, 03.23.26

Trail des Villes Royales, Versailles->Rambouillet (78), 21/02/2016, 53km, 1er, 03.47.06

Trail d’Auffargis, Auffargis (78), 06/03/2016, 33km, 1er, 02.35.42

EcoTrail, Paris (75), 19/03/2016, 80km, 1er, 05.25.27

Trail du Josas, Jouy-en-Josas (78), 10/04/2016, 36km, 2ème, 02.38.50

Bonjour Nicolas et merci de prendre quelques minutes pour répondre à nos questions. Depuis 3 ans, nous te voyons faire des beaux résultats sur les trails franciliens. L’an dernier, les experts auront également pu remarquer ta superbe performance au grand trail des Templiers, course sur laquelle tu finis à une superbe 12ème place juste derrière Martin REYT et Sylvain COURT. Et tu remportes cette année ta plus belle victoire à l’EcoTrail de Paris 80. Quelle progression, tu vas nous raconter un peu tout cela. Comment tu as appréhendé cette course et comment tu comptes organiser la suite de ta saison.

  1. Nicolas, on commence à bien connaitre le coureur que tu es et ton palmarès qui s’étoffe de plus en plus mais peux-tu te présenter en quelques lignes.

Tout d’abord bonjour à tous. Je m’appelle Nicolas DUHAIL, j’ai 25 ans depuis janvier. Dernier d’une famille de 4 enfants (deux frères et une sœur), j’habite encore chez mes parents dans les Yvelines (il y a quand même beaucoup d’avantages comme Tanguy l’avait bien compris !).

Je travaille à Suresnes dans une petite société qui développe une application d’e-achats. Je suis ingénieur développement, concrètement je fais de la programmation en langage JAVA.

J’ai passé tout de même 3 ans en Bretagne pour mes études, durant lesquels j’ai attrapé le virus du trail et de la compétition, sous l’impulsion de mes 2 frères qui pratiquaient déjà la course à pied. Je suis un gros mangeur, donc au départ je courais surtout pour faire un peu d’exercice et pouvoir m’empiffrer à volonté, puis j’ai vite pris goût à la performance. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai arrêté de manger, bien au contraire !

2. Si on te demandait de définir le coureur que tu es en quelques mots, lesquels seraient-ce ?

  • Endurant: j’aime les efforts longs de plusieurs heures, et je faiblis peu en cours de route.
  • Régulier: en général, j’arrive à garder un rythme assez constant sur mes courses.
  • Diesel: je suis lent au démarrage, je n’aime pas partir au taquet dès le coup de pistolet.
  • Battant: je ne lâche rien !

ecotrail

3. En 2015, on t’a vu commencer par des cross, puis alterner trails et courses sur route assez fréquemment. Cette année, il me semble que tu as privilégié les trails. Etait-ce en vue de l’EcoTrail de Paris justement ? Peux-tu nous expliquer comment tu as construit ce début de saison en termes de compétitions afin d’arriver fin prêt le jour J ?

L’année dernière, comme en 2014, j’ai participé à beaucoup de compétitions, sans doute trop. J’ai mis longtemps à le comprendre, mais on ne peut pas être performant avec une (ou parfois deux !) course chaque week-end.

J’ai donc décidé en 2016 de cibler un peu plus mes objectifs, et de m’inscrire à d’autres courses en préparation pour ces objectifs. En ce début d’année, le gros morceau était l’EcoTrail 80km.

Afin d’arriver compétitif, j’ai participé à uniquement 5 courses de préparation :

  • l’Hivernale 24km en reprise à la sortie de l’hiver ;
  • le MaxiCross de Bouffémont 41km pour faire du dénivelé ;
  • le Trail des Villes Royales 53km très roulant ;
  • le Trail d’Auffargis 33km avec de la boue et des jolis côtes ;
  • le Trail Nocturne des Flambeaux 18km pour faire un peu de rythme.

J’ai participé à toutes ces courses sans réduire l’entraînement afin de bien travailler sur la fatigue. L’important était d’être frais au départ de l’EcoTrail.

4. Du coup, comment gères-tu tes entrainements ? Suis-tu un plan d’entrainement ? Combien de fois cours-tu par semaine ? Sur quels types de séances ? As-tu changé de type d’entraînement par rapport à 2015 ?

Je gère mes entraînements comme bon me semble : je n’ai pas de coach, c’est moi qui décide selon mes envies. En 2014 et 2015, lorsque je préparais une grosse course, mon frère Jonathan préparait souvent un plan d’entraînement sur 2 mois que j’essayais de suivre. Pour certains ça permet de s’obliger à sortir, mais pour ma part je trouve ça plus contraignant qu’utile. L’envie de courir suffit à me motiver 🙂

Je m’entraîne au sein d’une association orientée trail, ACCRORUN VILLEPREUX : une séance sur un parcours vallonné le mardi soir, une séance de fractionné le jeudi soir, une séance avec dénivelé le samedi matin et une sortie longue le dimanche matin. C’est agréable de s’entraîner en groupe, donc j’y vais aussi souvent que possible.

Depuis début 2016, j’ai également la chance de pouvoir m’entraîner le midi en semaine, avec le groupe Dassault Sport de Suresnes. J’ai donc suivi leur plan d’entraînement pour le marathon de Paris afin de travailler ma vitesse (VMA, seuil, côtes rapides, et bien sûr des footings de récup).

nicolas duhail ecotrail

Au pic de ma préparation pour l’EcoTrail, j’ai donc été jusqu’à 10 entraînements par semaine, soit plus de 200km. Mais bien sûr ce n’est pas toutes les semaines comme ça. Depuis l’EcoTrail, j’ai bien relâché et je suis en moyenne à 5 séances par semaine, ça permet de se relâcher un peu.

J’ai également investi dans un vélo de route depuis début 2015, donc je fais parfois de belles sorties au soleil le week-end. Ça permet de faire un peu de volume autrement et c’est surtout beaucoup de plaisir !

5. Dès le début des 80 kilomètres de l’EcoTrail, tu es parti avec le groupe de tête. C’était prévu ? Comment as-tu géré cela ? De combien de coureurs étaient composé ce groupe de tête ?

« Dès le début », c’est vite dit ! J’ai bien mis 3 ou 4 kilomètres à recoller le groupe de tête, lorsque Yohann STUCK a décidé de lever légèrement le pied. Je n’avais pas vraiment prévu de stratégie : en rigolant, je me disais que la bonne idée était de suivre Manu GAULT jusqu’à la Tour Eiffel pour éviter de se perdre (7ème participation pour lui), puis de mettre une mine dans les escaliers !

Nous étions 5 coureurs dans ce groupe de tête : Arnaud PERRIGNON, Jérémy PIGNARD, Yohann STUCK, Emmanuel GAULT, et moi-même. Le rythme était très soutenu mais le groupe n’a pas explosé avant la mi-course.

Pour ma part, j’ai dû serrer les dents pour rester au contact sur les parties roulantes, tandis que j’étais plutôt facile dès que la pente s’élevait. C’est dans les côtes que je pouvais récupérer.

6. J’imagine que cela discute un peu dans les premiers kilomètres d’une course aussi longue. Du coup, de quoi parlez-vous tous ? Des résultats de la ligue des Champions ? Du temps qu’il fait ? De la course ?

J’aurais bien aimé pouvoir discuter un peu mais j’avais le souffle court dans ce début de course, et je n’étais pas le seul. Jérémy et Yohann étaient les plus à l’aise et pouvaient se permettre de discuter de leurs objectifs à venir, de l’état du terrain… Arnaud, Manu et moi étions plutôt en observation lors des premiers kilomètres.

J’étais plus en mesure de parler à partir de la mi-course. Avec Yohann lorsque nous n’étions plus que 2 en tête, nous discutions (entre autres) de la capacité de Manu à revenir, et qu’il était temps de prendre nos responsabilités 🙂

7. Quand as-tu su que tu pouvais jouer la gagne ?

Tant que j’étais dans le groupe de tête, je savais que tout était possible, craquer lamentablement ou bien gagner la course. Par contre, je n’ai commencé à y croire réellement que lorsque j’ai décroché mon dernier adversaire Yohann dans une descente à 12 kilomètres de l’arrivée, dans le parc de Saint-Cloud. Mais jusqu’au bout, je n’étais pas serein, je savais que Yohann et Manu étaient capables de revenir sur les quais de Seine, surtout que ma vitesse était décroissante…

Même dans les marches de la Tour Eiffel, les bruits du vent dans la ferraille en-dessous de moi me faisaient paniquer !

finishline ecotrail 2016

8. Qu’as-tu ressenti une seconde après avoir passé la ligne d’arrivée en vainqueur au premier étage de la Tour Eiffel ?

Une grande fatigue ! Juste après avoir franchie la ligne, j’étais vraiment rincé et vidé, je n’avais plus grand-chose qui me traversait l’esprit. Après avoir repris un peu de forces, c’est une sensation d’accomplissement que j’ai ressentie. La concrétisation du travail effectué ces derniers mois. Une grande joie de voir que l’entraînement a payé.

9. S’il y avait un moment qui t’a le plus marqué pendant ces 80 kilomètres, lequel serait-ce ?

Voir mes parents sur l’Île-Saint-Germain, dans les derniers kilomètres, m’a beaucoup touché. Ce n’est pas trop leur genre de venir assister à une course, donc les voir m’encourager, à un instant où j’étais dans le dur, m’a fait énormément plaisir.

10. Comment-as-tu géré les 15 jours suivant l’EcoTrail en termes d’entraînements ?

Je ne suis pas du genre à couper totalement l’entraînement pendant une longue période après une course, mais je sais quand même m’arrêter un minimum. Je sais aussi que je possède une très bonne capacité de récupération.

La course avait lieu le samedi, j’ai passé mon dimanche en pyjama bien au chaud dans mon canapé, un vrai bonheur ! Le lundi, j’ai fait 45 minutes de vélo en récupération le soir, très agréable pour les jambes. Puis j’ai recommencé à trottiner dès mardi, sans forcer, étant donné que je me sentais bien. Uniquement du footing la première semaine, rien de violent.

J’ai ensuite repris des séances plus intenses la semaine suivante, lorsque je ne sentais plus aucune douleur musculaire.

Pour bien récupérer, il n’y a pas de mystère : il faut bien dormir et bien manger, et ça j’y arrive très bien, ce sont mes 2 points forts 😉

11. Et pour la suite de la saison, du coup, qu’envisages-tu ?

J’ai pour l’instant ciblé deux gros objectifs pour la suite de ma saison 2016.

Fin août, je serai au départ (et à l’arrivée j’espère) du Grand Raid des Pyrénées 120km, dans le but de participer en 2017 au Grand Raid de la Réunion. Et oui, pour l’instant je n’ai jamais fait de course de plus de 80km, je n’ai jamais passé une nuit à courir seul dans la montagne, donc ça se prépare un petit peu !

Ensuite, je m’alignerai pour la 3ème année consécutive sur le Grand Trail des Templiers 75km, pour essayer d’accrocher un top 10. C’est un parcours que j’apprécie énormément et le plateau de cette course est toujours impressionnant. Cette année mon frère Jonathan sera aussi au départ, j’espère qu’on arrivera tous les 2 bien préparés pour partager un bout de chemin ensemble.

Voilà pour les objectifs principaux. À part ça, je vais bien sûr participer à des trails franciliens que j’apprécie particulièrement, je pense au Trail des Lavoirs, au Trail des Cerfs, à l’Imperial Trail… Et j’ai également noté l’Origole en décembre, 110km de nuit dans la boue, près de chez moi, ça peut être sympa !

Arrivée Ecotrail 2016

12. Est-ce qu’il y a une course qui te fait rêver plus que tout ?

Non, je n’ai pas une course en particulier qui me fait rêver, mais beaucoup de courses auxquelles j’aimerais participer, à plus ou moins long terme : Diagonale des Fous, Transvulcania, Marathon des Sables, Transgrancanaria, Western States, HardRock, Mont Fuji… Rien que d’y penser j’ai une furieuse envie d’aller courir !

Mais même en France j’ai déjà encore pas mal de coins à visiter : MaxiRace, Echappée Belle, UT4M, Bretagne, Pays Basque, Vosges…

Un triathlon me tente bien également (lorsque j’aurais appris à nager le crawl !), le VentouxMan qui comme son nom l’indique se dispute aux alentours du géant de Provence.

13. Une question que tu aurais aimé que je te pose et sa réponse donc ?

Question : « Accepterais-tu que je paye tes impôts à ta place ? »

Réponse : Avec plaisir Agnès !

Merci Agnès pour cette interview et à bientôt sur les sentiers.

Agnès HERVÉ